Dans cette séance 3 du programme Sun & Yoga, on a exploré ensemble le bassin, le mouvement, l’ancrage. On a mobilisé, renforcé et relâché. Et surtout, on a écouté (enfin j’espère !). Bref, on a travaillé l’ouverture des hanches.
Ah, les postures d’ouverture de hanches… On les adore, non ? Elles font du bien (surtout quand elles s’arrêtent!), on s’y sent souvent plus « ancrée », plus présente. Et puis il y a ce petit mythe autour d’elles : elles libéreraient les émotions, ouvriraient la porte à tout un tas de ressentis enfouis : un grand nettoyage énergétique. Rien que ça !
Après les deux premières semaines de ce programme Sun & Yoga, je pense que vous commencez à savoir comment je me fonctionne… A vrai dire, tant mieux si ces postures aide à l’exploration émotionnelle, mais concrètement, la science, elle nous dit quoi ? Elle nous dit que certaines postures, malgré votre pratique et vos efforts, pourraient ne jamais être « accessibles » – et que ce n’est pas une question de souplesse ! Je vous propose donc une autre lecture de votre pratique, basée sur la compréhension de votre corps et de votre anatomie.
S'approprier l'anatomie
La hanche est une articulation et elle est incroyable. Elle permet de relier le fémur au bassin. Un vrai miracle de biomécanique : stable ET mobile, puissante ET fine. Elle relie le tronc aux jambes. C’est une articulation sphéroïde (en boule) entre la tête du fémur et le cotyle du bassin. Le cotyle est une cavité qui accueille la tête du fémur. La tête du fémur est l’extrémité supérieure de l’os du fémur. Cette articulation permet de fléchir, d’étendre, de faire des rotations, d’ouvrir, de croiser…
Mais (parce qu’il y a toujours un mais !), nous n’avons pas tous la même hanche !
La forme du cotyle (plus ou moins profond, plus ou moins orienté), la forme de la tête du fémur et l’angle d’insertion de l’os varient d’une personne à l’autre et cela n’est autre que génétique. Certains auront des hanches très mobiles en rotation externe, mais peu stables, d’autres auront une hanche très peu mobile mais très stable. Et entre les deux, il y a… tout le monde.
Ce n'est pas qu'une question de pratique !
Tu peux faire du yoga tous les jours et t’étirer dans tous les sens, si ta hanche est construite de manière à limiter la rotation ou l’abduction, tu ne pourras pas aller plus loin que ce que permet ton squelette. Ce n’est pas une question de « blocage », ni même de « résistance mentale » (on les connaît ces discours !), c’est juste une barrière osseuse.
Certaines études en biomécanique montrent d’ailleurs que :
L’angle d’anteversion fémorale (l’inclinaison du fémur) influence directement la capacité à faire certaines postures comme malasana (que nous avons expérimentés dans la séance 3 du programme Sun & Yoga) ou pigeon
Les formes de conflit osseux dans la hanche, c’est à dire lorsque la mobilité est restreinte du fait d’une modification de la forme ou malformation de l’articulation, peuvent rendre douloureuses certaines positions, même chez des pratiquants réguliers
La morphologie des hanches varie aussi en fonction du sexe et de l’origine ethnique : par exemple, les femmes ont souvent une plus grande flexibilité passive mais aussi un risque plus élevé de dysplasie (cotyle peu profond) qui peut générer des instabilités ou des douleurs.
Et la science est formelle : ces différences ne peuvent pas être changées par l’entraînement. C’est comme essayer de faire rentrer une pièce ronde dans un trou carré. À un moment, ça bloque.
Mais alors on fait quoi ?
Déjà, on respire! Car le yoga, ce n’est pas un concours de flexibilité, mais une pratique d’écoute. Le but est de prendre le temps d’exécuter les mouvements en harmonie avec son ressenti. Par ailleurs, le yoga, comme beaucoup d’autres pratiques, nécessite lenteur et répétitions (beaucoup de répétitions !). Il n’y a aucune fatalité en yoga ! Et même si un bassin plutôt serré ne permettra pas un grand écart frontal (on vous voit Messieurs!), rien n’empêche l’entrainement. La finalité n’est jamais la posture mais le chemin et l’engagement pour y arriver.
Et ça tombe bien, parce que dans le programme Sun & Yoga, on fait exactement ça : on adapte, on observe, on ressent. Comme tu as pu le voir dans la séance, je t’ai proposé :
Un travail progressif en 4 appuis pour explorer la mobilité sans jamais forcer,
Des postures comme malasana ou prishtasana avec différentes options (avec ou sans brique, jambes plus ou moins écartées…),
Un renforcement doux pour équilibrer le bassin,
Un retour au calme avec des étirements type grenouille ou ananda balasana qui invitent à relâcher sans exiger.
Et surtout, tu as le droit (le devoir même !) de choisir la version qui te convient, même si ce n’est pas celle qu’on voit partout sur les réseaux.
Choisir ta version et surtout à TON rythme.
tant que c'est avec conscience...
Finalement, ce qu’on appelle « ouvrir les hanches », ce n’est pas « forcer l’ouverture ». C’est explorer ce que notre corps peut faire aujourd’hui, avec bienveillance. C’est construire un espace de confiance, où on apprend à reconnaître ses limites et à ne pas les juger. Et là, la magie opère. Peut-être pas dans la posture que tu voulais faire, mais dans le lien que tu tisses avec toi-même.
Parce que ce que le yoga nous apprend (quand on écoute vraiment), c’est que chaque corps est parfaitement imparfait, et que la vraie ouverture, elle est surtout intérieure.